L'alimentation au Paléolithique

Cette conférence donnée par Sandrine COSTAMAGNO a eu lieu le 12 avril 2024 au Musée du Pech Merle (46)

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Le discours a captivé l’assistance. On se serait presque passé des illustrations.

Dès le début, on devine le clin d’œil vers ceux qui continuent à apposer le terme de cueilleur à celui de chasseur. Le ramassage des insectes, ainsi que la récolte ou la cueillette des végétaux, ne pouvaient être qu’anecdotiques dans nos régions en climat glaciaire.

Et même dans un monde néandertalien au climat plus tempéré que celui du Paléolithique supérieur, l’usure des dents oriente vers une alimentation carnée.

Étude de traces de boucherie sur des os.

Ci-dessus : stries caractéristiques d’un prélèvement de la viande.

Ci-dessous : stries caractéristiques d’un prélèvement des tendons.

S. Costamagno recherche l’évolution de l’alimentation sur le temps long, à travers le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur. Par exemple, la présence de petits animaux dans l’alimentation paraît marquée au Paléolithique moyen, puis s’étiole, pour ensuite retrouver une certaine importance au Magdalénien supérieur.

Il est clair que, dans ses recherches, S. Costamagno s’intéresse à l’Homme derrière l’os et pas à l’os en soi.

Cette présentation dense a permis de comprendre pourquoi certains artéfacts sont présents sur les haltes de chasse ou les sites d’habitat paléolithiques et de faire le ménage de certains clichés préhistoriques.

Les arguments avancés pour identifier le régime alimentaire et issus de la biochimie (rapport C13/N15) ont été présentés rapidement. Ceux nés de l’expérimentation et des comparaisons ethnologiques ont été bien développés. S. Costamagno a présenté ses expériences vécues dans la toundra. Elle a pu y noter l’importance vitale de la graisse dans l’alimentation, incontournable sous ces climats très froids.

On a compris que la consommation exclusive de viande maigre nécessite un apport de graisse en complément, à défaut de quoi on dépérit.  La recherche de graisse était donc vitale. Nous avions connaissance du bris des os pour récupérer la moelle grasse, surtout dans les épiphyses.

Mais dans les sites d’occupation, la présence de quantités de petits fragments osseux cassés ne peut s’expliquer pour le seul prélèvement de moelle. L’hypothèse de bouillons d’os peut être envisagée.

On connaissait l’existence du charognage mais pas son intérêt : l’apport nutritif, car la viande fermentée est l’objet d’une prédigestion par des cyanobactéries riches en azote.

En conclusion, la base de l’alimentation au Paléolithique était de la viande crue ou séchée ou fermentée, et du gras.

On est loin du cliché d’un homme préhistorique qui fait rôtir sa viande à la broche. Non, l’utilisation du feu n’a pas donné lieu à des consommations importantes de viande grillée ; les restes osseux calcinés sont rares.

Pour finir, un autre clin d’œil vers ces pavés grillés de belle viande rouge de bison que nous proposent certains restaurateurs.

Pour notre prochain festin dit préhistorique : abats crus et bouillons d’os.

Annonce de la conférence

Comment et à quel moment, nos lointains ancêtres sont-ils passés d’une alimentation végétale à une alimentation carnée ? Quelles sont les proies qu’ils chassaient puis consommaient ? Avaient-ils des préférences culinaires ou des tabous alimentaires ? Pour les périodes du Paléolithique, les restes osseux découverts dans les sites archéologiques sont les seuls témoins permettant de retracer l’alimentation carnée de nos ancêtres. Cette conférence sera l’occasion de présenter les différentes techniques utilisées par les préhistoriens pour « faire parler » le plus finement possible ces fragments du passé. En parallèle aux outils analytiques, une vaste enquête, qui nous mènera des premiers homininés d’Afrique aux derniers chasseurs-cueilleurs paléolithiques d’Europe, sera menée afin de dresser un bilan de l’alimentation humaine tout au long du Paléolithique.

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

46330 – CABRERETS

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