Samedi 28 septembre 2024 dans l’après-midi

À l’Auditorium, avenue Delbos à Saint-Céré (46)

Conférence de Laurent BRUXELLES

Suite à un impératif, Laurent Bruxelles ne pourra pas être présent. Il sera remplacé par un collaborateur : Benjamin LANS.

Laurent Bruxelles est chercheur au CNRS. C’est un géomorphologue des karsts dont la renommée mondiale s’est en grande partie bâtie en Afrique du Sud. Mais c’est aussi un karsto-sédimentologue de grande compétence, dont la carrière a débuté dans notre Sud-Ouest, plus particulièrement dans le Lot.

Recherches sur l'origine de l'Homme :
état des fouilles en Afrique Australe

Deux exemples de ces anciens Hominines d’Afrique Australe dont parlera peut-être L. Bruxelles

Little Foot

Il y a 3,5 millions d’années, Little Foot est tombé(é ?) dans un trou de plus de 20 m de profondeur. Il serait mort sur le coup. Cet australopithèque d’Afrique du Sud est aussi ancien que ceux du Grand Rift de l’Est de l’Afrique. Et bien mieux conservé.

Little Foot dans une grotte de Sterkfontein. Le squelette a été dégagé des formations carbonatées (calcites) qui le recouvraient et l’ont protégé.

L. Bruxelles nous parlera certainement de lui. En effet, il y a une dizaine d’années, il était appelé pour étudier le contexte géomorphologique du site de découverte, ainsi que les modalités sédimentaires de son enfouissement et la crédibilité de son état de conservation.

Naledi

Tout ce que L Bruxelles sait raconter sur Little Foot : en raconterait-il autant sur Naledi ?

Homo Naledi, qui es-tu ?

Les études anthropométriques publiées concernant Homo Naledi paraissent tout à fait recevables. Il en est de même de la description générale des individus.
Les datations méritent certainement d’être confirmées. Après des estimations bien plus anciennes, la communauté scientifique semble s’orienter vers un âge d’environ 300 000 ans.

Ces trois points qui feraient de Naledi un « être humain » :

1 – Le comportement d’Homo Naledi vis à vis de ses morts.

C’est une des questions majeures. Celles qui en font de lui l’égal de Sapiens et de Néandertal
Sur le site de la grotte de Rising Star : comment environ 15 individus se retrouvent-ils aujourd’hui regroupés dans une petite salle : « Dinaledi chamber » ?

Coupe de la grotte de Rising Star. L’accès à la salle où se trouvent les ossements impose un passage rampant, une quasi escalade, un passage étroit, et une descente verticale de 10 m.

Toute arrivée naturelle des ossements par cet accès doit être écartée. Les études géomorphologiques à l’intérieur de la grotte sont-elles suffisamment avancées pour affirmer qu’il n’y pas eu de transfert depuis un autre lieu ?

Mais même si c’était le cas, le regroupement d’autant d’individus, même en un autre lieu, poserait la même question de pratiques funéraires. À l’instar du « cimetière des éléphants » où ils se regrouperaient (sic !) pour mourir : y aurait-il un cimetière des Naledi ?

Les divers états d’enfouissement laissent supposer plusieurs arrivées successives d’individus, séparées de laps de temps suffisamment longs pour indiquer des dépôts nettement séparés.

S’il y a eu des fosses creusées, y a-t-il eu une étude des modalités de ce creusement, et surtout de leurs comblements en lien avec de supposés dépôts de corps ?

Une étude des faciès sédimentaires beaucoup plus soignée et détaillée aurait pu apporter des éléments de réponse, tant sur les modalités de dépôt de corps que sur le remplissage de la salle.

Et indépendamment :

Y a-t-il des données archéologiques qui indiquent que les individus ne sont pas arrivés vivants ? En dehors de chutes accidentelles dont la répétition paraît peu probable, on ne peut écarter l’arrivée contrainte (l’oubliette, …) ou volontaire (suicide rituel, …). De telles hypothèses révèleraient des comportements vraiment humains.

2 – La présence de traits incisés sur une paroi de la salle, traits dont les dispositions relatives sont apparemment structurées.

Quelques décimètres carrés de paroi sont incisés. Mais quelle étude a été réalisée ? Identification de gestes, d’outils, états de patine des incisions, compatibilité des états de surface des parois avec 300 000 ans de conservation, …

3 – La présence d’un outil taillé qui serait associé aux restes d’un enfant.

Cet outil est inséré au cœur d’un bloc de sédiment et d’os, plâtré sur site, prélevé, et scanné dans la masse sans être détruit. Un relevé 3D en a ainsi été effectué. Il n’a donc jamais pu être directement observé. Cet outil serait présent dans la main refermée d’un enfant. Ce relevé laisse sceptique sur la position de la main. Il ne permet pas de savoir si les éclatements de matière absente sont naturels, ou sont des impacts d’utilisation ou de façonnage. On atteint là les limites des possibilités du plus puissant/précis scanner du monde, qui ne peut remplacer l’œil et l’expérience pour répondre solidement à certaines questions.

 

Sur Netflix

Cave of bones

La promotion des découvertes de Lee Berger dans un film de Mark Mannuci

Le film est chargé d’émotions, entre autres dans la représentation graphique des Homo Naledi.
Ce film est suffisamment bien monté pour que le public ne puisse pas remettre en cause les découvertes et constats associés.
C’est un bon film, qui sait entraîner le spectateur.
De façon classique, aux fins de promotion, le réalisateur établit de douteuses vérités, parfois avec la complicité de Lee Berger.
Un exemple flagrant : la pseudo découverte devant la caméra de lignes gravées sur la paroi. Elle est destinée à donner un peu de corps moins scientifique et plus émotionnel.
Indépendamment ce film est le seul outil dont on dispose pour voir le site, aborder les problématiques. Les réalisateurs ont l’intelligence de laisser sans cesse les questions ouvertes.
Ce film a l’avantage de montrer l’activité  des chercheurs dans la grotte, pas toujours en phase avec les modalités de travail qu’on pourrait attendre, au 21ème siècle, pour un site MAJEUR de l’histoire de l’humanité.
 

Pourtant, il est intéressant de noter que ce film hérisse une importante partie de la communauté scientifique. À la fois parce que les thèses énoncées par Lee Berger posent question, mais aussi parce que ce type de promotion grand public et pérenne est souvent jalousé.

Rédaction Y. Le Guillou.

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