Volutes magdaléniennes

Volutes de la grotte d’Isturitz (64)

Les volutes.

Elles sont connues depuis les premières heures de la recherche en Préhistoire. Elles ont interrogé bien des chercheurs ; E. Piette en premier lieu.

C’est un mode d’expression à composante décorative forte. Il consiste à couvrir les surfaces d’objets avec de profondes incisions en cercles, en spirales, et en … volutes.

On y a parfois recherché des lectures figuratives schématisées.

Identifiées, elles ont pourtant été assez oubliées, voire presque consciemment écartées.

Écartées ?

 – Peut-être parce qu’elles sont géographiquement très localisées.

 – Peut-être parce que, jusqu’au milieu du 20ème siècle, les particularismes culturels locaux,  qui n’étaient que des épiphénomènes dans le travail d’identification des flux culturels paléolithiques, n’étaient pas le centre de la recherche, et ne devaient pas non plus la parasiter.

 – Peut-être parce que les deux premiers sites source connus, les Espélugues à Lourdes, et les Espalungues à Arudy, avaient été le terrain de fouille de Léon Nelli … sans véritable compte-rendu.

 – Peut-être parce que l’image de l’Homme de Cro-Magnon, pas celle offerte au grand public, mais celle construite par nos préhistoriens depuis la fin du 19ème siècle, celle bâtie autour de l’art figuratif animalier, puis complétée de signes consciemment signifiants, soigneusement construits et partagés, ne pouvait s’accommoder de ces volutes, tracés qui semblent tenir d’une symbolique complexe, voire ésotérique, ou de remplissages purement décoratifs.

Un mode d’expression régional, très localisé dans l’espace.

On le connait aujourd’hui dans un espace de 100 km de long, centré sur le piémont nord-pyrénéen occidental. On le connaît sur 3 sites, à Isturitz, aux Espalungues d’Arudy, aux Espélugues de Lourdes.

Il est absent plus à l’Est, sur les sites magdaléniens de Haute-Garonne et d’Ariège.

Bien sûr on peut trouver ailleurs des formes en volutes, ou même en spirale, dans le magdalénien de Dordogne, ou au Pays Basque espagnol, voire même sur les dolmens portugais ou à l’Île de Pâques. D’évidence pour les seconds, mais aussi pour les premiers, et surtout pour des formes aussi basiques : il ne faut pas aller au-delà de l’analogie de forme ; y retrouver du diffusionnisme culturel serait erroné.

On ne peut écarter que, le cas échéant, un copié/collé de volute ait été insufflé à l’occasion d’une rencontre entre un magdalénien béarnais et un étranger.

Les volutes caractérisent un groupe humain au sein du Magdalénien pyrénéen.

Volutes de la grotte des Espalungues à Arudy (64) et de la grotte des Espélugues à Lourdes (65).
Dans l’ouvrage « L’art pendant l’âge du renne », œuvre majeure mais posthume d’É. Piette, mis en forme pour publication sous la houlette de M. Boule, H. Breuil et H. Fischer, l’attribution de quelques unes de ces pièces à l’un ou l’autre des deux sites n’est pas claire.

Culture … Faciès culturel … Faciès Culturel ?

Aujourd’hui, en Préhistoire, on définit des « cultures » avec des formes d’outils et d’objets ou avec leurs modes de fabrication. Soit.

Les volutes ont une composante décorative forte. Ce mode d’expression est peut-être porteur de sens. Il exclut toute référence à des aspects utilitaires ou à des techniques de production. Il consiste à couvrir les surfaces d’objets avec un type de décor très spécifique.

On est en présence d’un groupe humain qui, sur une durée de peut-être quelques siècles, et sur au moins 2000 km2, s’est identifié, tant en son propre sein que vis à vis de l’extérieur, par cette modalité d’ornementation.

On est en présence d’un mimétisme culturel propre à un groupe humain.

Parler de « culture de la volute », serait excessif, tout comme réduire la culture à un faciès technique. Ce n’est pas la « culture de la fourchette » qui a conquis le monde, même si la fourchette l’a conquis.

Oui : le « Groupe des Volutes » est une réalité culturelle humaine au sein du monde magdalénien.

Rédaction Y. Le Guillou

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