Notre Bulletin n° 2023-1

SOMMAIRE

1 – Hommage à Randall White (1952-2022)

2 – La lame en silex rubané provençal du site de hauteur du Mont Arès à Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute Garonne)

3 -Une analyse taphonomique de l’industrie lithique du Gravettien évolué du Roc-de-Combe (Payrignac, Lot) : étude préliminaire

4 – Un site du début du Néolithique dans la vallée du Thouet : le gisement de surface du Lacreau à Brézé (Maine-et-Loire)

5 – Maurice Féaux, l’avènement de la professionnalisation d’un amateur préhistorien

6 – Historiographie du site et des dolmens des Hountettes à Illats (Gironde)

7 – Matériel osseux travaillé… Pourquoi dans Lascaux ?

8 – Haches du Bronze moyen à Barry d’Islemade (Tarn-et-Garonne)

9 – Variations autour du thème iconographique du Faon à l’oiseau

Jean VAQUER      Clément VENCO      Sylvie PHILIBERT

 

Résumé des auteurs

La lame en silex rubané provençal du site de hauteur du Mont Arès à Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute Garonne)

Une lame en silex rubané a été trouvée dans un sondage archéologique réalisé par C. Venco sur le site du Mont Arès à Saint-Bertrand-de- Comminges en Haute-Garonne. Elle provient de la strate la plus ancienne d’une stratigraphie comportant plusieurs niveaux d’habitat dont les plus récents sont attribués à l’âge du Bronze ancien et final. Il s’agit du fragment d’une grande lame qui présente les caractéristiques pétrographiques du silex lacustre du bassin oligocène d’Apt-Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute- Provence. Cet élément typique permet de dater le début de l’occupation du site au Néolithique final ou au Chalcolithique. C’est une pièce qui a dû être importée sous la forme d’une grande lame régulière, débitée par pression au levier et qui a été utilisée d’abord comme outil tranchant retouché latéralement. L’analyse tracéologique révèle une usure d’un travail sur des matières abrasives meubles qui n’exclut pas une activité de faucille réalisée très près du sol. Une fois cassée, cette lame a été recyclée en outil composite, un poinçon d’un côté et un grattoir de l’autre, utilisé pour des travaux sur peaux sèches. Cette pièce pose un jalon supplémentaire pour les exportations lointaines du vaste réseau de diffusion des produits lithiques de Forcalquier qui ont circulé au 4e et au 3e millénaire av. notre ère, soit sous forme de lames brutes, soit sous forme de lames de poignards. Il prouve de façon tangible que le haut bassin de la Garonne se trouvait dans l’aire de distribution des produits des ateliers de Haute-Provence dont un état des connaissances est dressé à l’échelle du versant nord des Pyrénées.

Bruno BOSSELIN

 

Résumé de l’auteur

Une analyse taphonomique de l’industrie lithique du Gravettien évolué du Roc-de-Combe (Payrignac, Lot) : étude préliminaire

Le site du Roc-de-Combe constitue une stratigraphie de référence pour le Paléolithique supérieur ancien du sud-ouest de la France. Sur quatre niveaux, le Gravettien a fait l’objet de rares et anciennes publications typologiques sans une analyse de la géoarchéologie des dépôts. Nous proposons dans cet article de compléter ces approches par une relecture taphonomique de cette séquence supérieure, avec un focus spécifique sur la couche 1 et ses subdivisions, réputée Gravettien évolué. Une première partie définit les zones topographiques pour lesquelles la stratigraphie est fiable. Un questionnement demeure toutefois pour les dépôts situés en fond d’abri, dont la numérotation des couches semble incomplète. Une seconde partie analyse le positionnement d’outils diagnostics du Gravettien moyen, comme les burins de Noailles dont la fréquence cadre mal avec une attribution tardive de la couche 1. Si des mélanges entre Gravettien évolué et Aurignacien ont été maintes fois envisagés et statistiquement réfutés, l’hypothèse d’une pollution mineure avec le Gravettien moyen sous-jacent est plausible, en particulier à cause d’une « Fosse » à proximité de laquelle la densité de ces outils est élevée. En revanche, des marqueurs culturels comme l’abondance des burins dièdres et des pièces à dos périgordiennes et la présence d’une retouche latérale parfois protomagdalénienne confirment un positionne- ment de la couche 1 dans un stade évolué non final au sein du cycle gravettien. En conclusion, de nouveaux travaux de terrain ciblés seraient à entreprendre afin de lever définitivement les doutes quant à un éventuel mélange entre Gravettien moyen et récent.

Gwenaëlle HAMON    Gwenolé KERDIVEL      Jean THARRAULT

 

Résumé des auteurs

Un site du début du Néolithique dans la vallée du Thouet : le gisement de surface du Lacreau à Brézé (Maine-et-Loire)

Une prospection de surface dans une ancienne prairie mise en culture a permis la découverte d’un petit site, avec des indices du Paléolithique, du Néolithique, du Bronze et de l’Antiquité. Les données pour le Néolithique ancien viennent opportunément compléter nos connaissances encore très partielles sur cette période dans la vallée de la Loire et permettent de documenter un autre cas d’utilisation de Cerastoderma edule plutôt que de Acanthocardia sp. pour l’impression d’un décor. Le mobilier lithique atteste quant à lui de l’utilisation de matière première locale de bonne qualité pour un débitage par pression.

Charlotte LEROY

 

Résumé de l’auteur

Maurice Féaux, l’avènement de la professionnalisation d’un amateur préhistorien

La naissance de la Préhistoire comme discipline au milieu du XIXe siècle amorce un nouvel intérêt et une nouvelle sensibilité. Cette interprétation des vestiges d’un passé très lointain construit peu à peu des amateurs passionnés en véritables professionnels. Ils se fédèrent autour de pratiques consensuelles et des structures communautaires, afin de réguler et diffuser un savoir et des techniques. En Périgord, berceau de cette discipline en construction, plusieurs hommes se détachent de la figure de l’antiquaire amateur. Maurice Féaux, agent dans le service départemental de la Voirie, parvient par une grande connaissance et une persévérance sans faille, à organiser la section Préhistorique du musée du Périgord. De son statut d’amateur, il devient une référence pour ses pairs. Au travers d’une correspondance avec Émile Cartailhac, Féaux s’enrichit intellectuellement et parvient à faire rayonner le patrimoine préhistorique périgourdin.

Anne HAMBÜCKEN

 

Résumé de l’auteur

Historiographie du site et des dolmens des Hountettes à Illats (Gironde)

Les dolmens des Hountettes se situent à Illats, en Gironde. Découverts en 1824 par le Dr Dubroca, ils ont été signalés par F. Jouannet en 1839. Le plus grand des deux monuments a été ruiné dès l’année suivante par le propriétaire du terrain à la recherche d’un trésor, et les dolmens ont dès lors été considérés comme disparus par plusieurs auteurs. Bien qu’ils aient été peu étudiés, ils ont été observés et parfois brièvement décrits tout au long des XIXe et XXe siècles. Leur étude la plus complète est celle de M. Devignes, en 1995. Les monuments sont ensuite tombés dans l’oubli, avant d’être retrouvés et dégagés à partir de 2007 par une association locale. L’examen de la littérature, de documents inédits, de témoignages et l’observation du site et des monuments permettent de documenter l’histoire récente du site et des dolmens des Hountettes.

Pascal RAUX 

 

Résumé de l’auteur

Matériel osseux travaillé… Pourquoi dans Lascaux ?

Pourquoi Lascaux ? Qu’ont bien voulu dire ces artistes du Paléolithique supérieur dans toutes ces œuvres d’art qui nous sont parvenues du fond des âges ? De nombreuses hypothèses ont été émises depuis la découverte en 1940 de cette fabuleuse « grotte ornée » …Grotte-temple, centre de cérémonies propitiatoires pour la chasse, lieu initiatique… Il y a eu les étapes de la conception, de la réalisation des premières œuvres peintes et gravées sur les voûtes et parois de la cavité, certainement qu’un temps relativement long a été nécessaire. Mais on peut déduire en voyant les multiples superpositions dans les palimpsestes que représentent par exemple les innombrables gravures de l’Abside que le « travail » n’était jamais fini ! …Que s’est-il passé dans ces galeries chargées de symboles très souvent difficilement déchiffrables ? Certes des cérémonies accompagnées de chants, de danses et de musique… La grotte a eu cette fonction de lieu sacré, lieu de réunion, peut-être d’agrégation (M. Conkey 1980), lieu d’initiation, mais aussi, c’est la raison de cet article, lieu de sacralisation d’objets particuliers.

Edmée LADIER     Christian CAZENEUVE    

Résumé des auteurs

Haches du Bronze moyen à Barry d’Islemade (Tarn-et-Garonne)

Cet article présente un dépôt de haches et une hache isolée découvertes à Barry d’Islemade (Tarn-et-Garonne). Le dépôt comporte un demi-bracelet et onze haches à bords, l’une de type à constriction médiane, les autres du type libournais. La hache isolée se rattache au type de Thonac-Vanxains. Tous ces objets se rap- portent donc au Bronze moyen II. Les découvertes de dépôts de matériel métallique de l’âge du Bronze dans les zones tarn-et-garonnaises des vallées de la Garonne, du Tarn et de l’Aveyron sont évoquées.

Julien D’HUY

Résumé de l’auteur

Variations autour du thème iconographique du Faon à l’oiseau

Différentes représentations figurant sur des propulseurs magdaléniens découverts dans les Pyrénées pourraient être interprétées comme des variations d’une même séquence : naissance > jeunesse > animal adulte > mort > résurrection. Une telle analyse est soutenue par une reconstruction de la probable mythologie de l’époque.

 

Rédaction Y. Le Guillou.

Notre Bulletin n° 2023-1

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