Bravo à tous ces organisateurs pour une journée réussie, tant sur le fond et la qualité des interventions, que pour le cadre et l’accueil.
Et remerciements à Catherine Roudet qui est clairement apparue comme la cheville ouvrière de la journée.
À midi, un plateau repas offert a nourri les participants qui s’étaient inscrits à l’avance. Et la configuration des lieux a permis de nombreuses discussions à bâtons rompus.
Bravo pour le principe de la journée thématique. Il y avait environ 200 personnes, donc tout autant de passionnés. Le choix du thème « Les grottes ornées » n’y est pas pour rien.
Conférence / présentation par Xavier MUTH, Olivier HUARD, Pascal MORA
Le choix du thème et des intervenants est clairement lié aux interventions suivantes, car tous sont actifs dans le cadre des programmes d’étude de l’une ou l’autre des grottes ornées concernées.
Le thème, et donc sa présentation, est très ardu pour le profane.
Rares sont ceux, y compris parmi les archéologues, qui aujourd’hui maîtrisent les termes et les aspects techniques qui nous ont été présentés.
En parallèle, les restitutions 3D avaient généré un imaginaire collectif, beaucoup d’errances dans la compréhension, et ainsi, parfois, des désillusions au vu des résultats.
Dans ce cadre, le travail de présentation par les conférenciers était un délicat challenge.
Les orthoplans
Un terme beaucoup entendu aujourd’hui.
Un terme dont le sens n’est pas toujours très clair, pas toujours compris ou utilisé à bon escient.
La construction d’un orthoplan ne consiste pas à réaliser la « photographie » la plus parallèle possible à la paroi.
Un orthoplan n’est pas l’extraction d’une vue en plan (2D) à partir d’un modèle 3D.
La construction d’un orthoplan consiste à redimensionner une ancienne photo ou un ancien relevé afin de le superposer, le plus précisément possible, sur un plan 2D extrait d’un modèle 3D.
Il y a quelques années, on faisait cela « manuellement », en choisissant des points de compatibilité et en distordant un peu en tous sens l’ancien document pour le superposer au mieux au nouveau. Aujourd’hui, il existe des logiciels, à composante empirique et à précision limitée, qui permettent de réaliser cette opération, bien mieux et beaucoup plus rapidement. Le résultat peut alors être directement intégré (visualisé) dans le modèle 3D.
Relevés 3D – Courte histoire des méthodes
1ère méthode non empirique : la stéréophotogrammétrie. Elle a été utilisée pour la sauvegarde et la restitution de sites ornés tels le Salon Noir de la grotte de Niaux et les Bisons d’argile de la grotte du Tuc d’Audoubert. Elle est abandonnée depuis les années 1990.
Elle est remplacée par la lasergrammétrie au scanner, utilisée dès la fin des années 1990, à la grotte Cosquer, puis à la grotte Chauvet.
Au milieu des années 2000, les progrès des appareils photos numériques et de la puissance des ordinateurs permettent l’apparition de la photogrammétrie. Parmi ses points faibles : l’énorme poids numérique des données à traiter, et le temps nécessaire aux premières phases de traitement des données. Malgré les progrès, on continue à laisser « mouliner » les ordinateurs des heures durant, parfois même plus d’un jour.
La tendance est aujourd’hui à la prise de pouvoir par la photogramétrie. Ce pour plusieurs raisons, clairement présentées par les intervenants : entre autres : le coût d’acquisition de l’équipement, le coût d’entretien de ce matériel, et sa simplicité d’utilisation qui fait qu’elle s’ouvre à tous pour traiter sans délai de grandes ou de petites surfaces.
1 – Aujourd’hui, lors de la prise de mesure, on couple des données métriques et colorimétriques. Demain, va-t-on intégrer des données concernant les éléments atomiques, en couplant avec un balayage de type Raman ou Fluorescence X ? Cela pourrait par exemple indiquer les limites du charbon de bois ou des oxydes de fer des tracés préhistoriques.
2 – Sur un plan plus technique, P. Mora nous a présenté l’insertion dans le modèle 3D de « marqueurs » (c’est le terme qu’il a utilisé), sortes de petits drapeaux qui indiquent la localisation d’une donnée. Ces marqueurs transforment le modèle 3D en un Système d’Information Géographique (SIG). Sont-ils « manuellement et individuellement » insérés ? Comment sont définis, dans le modèle 3D, les contours du volume 3D auquel réfère chaque marqueur concerné ?
3 – La 3D et la 4ème dimension. Aujourd’hui, on regroupe dans des modèles 3D uniques des mesures qui ont été faites à des moments différents. C’est inévitable. Dans le domaine de la conservation, pour comprendre les phénomènes, il faut pouvoir observer leur évolution dans le temps. Pour que le modèle 3D soit opérationnel, il faudrait qu’il puisse être présenté « vivant », en évolution :
– « voir » l’évolution d’un champignon sur une peinture, comme on filme l’ouverture d’un bouton de fleur ;
– « voir » l’arête d’une incision préhistorique s’estomper sous l’impact d’un courant d’air ;
– « voir » la goutte d’eau capter le pigment paléolithique et l’entraîner avec elle.
Intégrer la composante « temps », c’est à dire superposer des modèles 3D successifs serait un plus.
Rédaction Y. Le Guillou
L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans faille.