Publication récente

Isturitz & Oxocelhaya de z à a

Abécédaire à remonter le temps

Un livre de Florian BERROUET

Que trouver dans ce livre

Ou ne pas y rechercher

Un ouvrage qui sort de l’ordinaire

Comme le dit Joëlle Darricau dans la préface : « Merci, Florian, pour cette échappée belle ! ».

Oui : c’est une belle échappée loin des modes de regards habituels.

Le choix du « z à a » plutôt que du « a à z ».

Le « a à z » aurait été « la somme des savoirs ».

Le « z à a » permet un butinage léger sur une sélection de thèmes d’apparence aléatoire.

De courtes notices.

Elles peuvent paraître parfois futiles, voire superficielles. Mais non : on est d’évidence sur un choix de ne pas approfondir, peut-être pour éviter de se noyer dans des pages d’avis et d’analyse.

Elles sont légères, peuvent faire rêver, et ouvrent des portes vers bien des réflexions.

Elles sont courtes, sans l’ambition d’être des synthèses, et sans aucune ambition d’exhaustivité. On peut donc ressentir des manques. Soit ; mais il y des renvois aux sources en fin d’ouvrage.

Elles sont de petites fenêtres qu’on ouvre au gré de ses envies, ou du hasard de l’ouverture accidentelle d’une page. L’ordre de lecture n’est pas imposé par une chronologie des chapitres.

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48 notices

Zubiak – Zigor – Y’a qu’à, faut qu’on – XXXXX – Würm – Volutes – Urgences – Ultrasons – Trous – Territoire – Sanctuaire – Renne – Reliques (?) -Quête… – « Poursuite amoureuse » – Portrait – Paréidolie – Panier – Ours – Néandertal – Napoléon III – Mythologie – Mondes – Mammouth – Lumière – Langage – Lacunes – Karst – Jurassique – Immersion – Habitat – Guano – Glouton – Gaztelu – Fouilles – Flûtes – Figure féminine (?) – Ex-voto (?) – Étymologie – Esprit (des lieux) – Échelles – Danger (?) – Cimetière – Cétacés – Bestiaire – Arberoue – Agrégation (site d’) – ADN.

Chaque notice renvoie au site d’Isturitz soit en partant d’une caractéristique du site, soit en y arrivant. Ces allers-retours du particulier au général et vice-versa sont intéressants voire souvent agréables. On est en présence d’une approche à la fois humaine et environnementale qui nous plonge de manière originale dans l’ambiance souterraine.

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De la Préhistoire donc, omniprésente

Ne cherchez pas un inventaire scientifique, plus ou moins exhaustif de l’intérêt préhistorique du site d’Isturitz.

Beaucoup d’informations sont disséminées dans les textes. Trop disséminées pour servir d’appui à la recherche ; mais suffisamment pour insuffler à tout moment leur sérieux scientifique, sans pour autant s’attarder dans leur incontournable justification méthodique.

Bien des pistes de réflexion sont agréablement distillées bien qu’en des lieux et avec des rythmes aléatoires. Les explications sont claires, au fait de la recherche actuelle, dans la composante Préhistoire du moins. C’est rare dans ce type d’ouvrage, très éclectique dans son contenu.

L’auteur revient souvent à l’aspect hypothétique des interprétations. En préhistoire, du moins à Isturitz, rien n’est argent comptant.

Ainsi, au détour d’une ligne :

 – on redécouvre le « Vasconien » méconnu de F. Bordes.

 – on découvre grâce à l’ADN « … surgissent des espèces dont aucune partie anatomique n’a été retrouvée dans les fouilles … ». qu’au Paléolithique, les « Basques » étaient (déjà ?) des amateurs de poulpe.

 – on s’interroge aussi : pourquoi ne pas avoir inclus Erberua ?

Croquis schématique d’une coupe de la butte de Gaztelu et des 3 réseaux ornés superposés.

Poursuite amoureuse

F. Berrouet se positionne dans le débat autour de cette pièce exceptionnelle. Exceptionnelle parce que :

– On y voit la parure des corps humains.

– On y trouve peut-être une histoire racontée.

Sans compter que, parce que le personnage de gauche est peut-être aussi une femme, le débat est passé du « sexe des anges » au « domaine du genre ».

Mais pas que de la Préhistoire

Et on va bien au-delà de la préhistoire … jusqu’au Pays Basque, avec sa place dans l’imaginaire, dont celui de l’auteur. On devine même les fées des proches grottes de Sare, bien qu’elles ne soient pas mentionnées. On flirte aussi avec l’idéologie, consciemment ce qui est rare.

Au hasard, quelques expressives expressions.

 – (à propos des vestiges humains) : « … seul un membre supérieur, comme un baroud d’honneur, a résisté … »

 –  « … le ver de la religion dans le fruit de la réflexion. »

 –  « … alors on fait les grottes comme on fait l’Amérique du sud … » Même en y consacrant une vie, on n’aura jamais « fait Isturitz ».

 –  « Garder l’esprit des lieux : faire en sorte qu’immersion ne rime pas avec attraction. C’est ne pas substituer la démagogie à la pédagogie, ni la tentation populiste à l’éducation populaire. »

Garder « l’esprit des lieux » : c’est peut-être l’essentiel de ce que F. Berrouet essaie de transmettre.

Ne pas confondre :

 – Isturitz, le nom de la grotte,

  – Isturits, nom d’une commune voisine.

Pour acheter :

 – Sur le site d’Isturitz, certainement.

 – ISBN : 978-2-493815-33-0, donc dans toutes les bonnes librairies.

Un point faible, peut-être préjudiciable : la lecture présuppose une bonne connaissance de la topographie de la grotte d’Isturitz. Il n’y a pas de plan de la grotte pour localiser les salles citées.

Et surtout un grand regret : trop souvent les illustrations, surtout les photos générales de la grotte sont trop ternes, trop foncées, trop décolorées, avec parmi les cas extrêmes la page 167 ou la double page 184-185, où on ne discerne … rien. C’est probablement une question de tirage, de papier, de qualité d’impression, donc de coût peut-être.

Dommage.

Quoi qu’il en soit, ce voyage littéraire et scientifique au sein de la colline de Gaztelu mérite d’être entrepris.

Rédaction Y. Le Guillou et M. Escolà

L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement
indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses
élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans
faille.